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Commentaire de Pierre Régnier

sur Lettre ouverte aux évangélisateurs de l'Année de la foi


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Pierre Régnier Pierre Régnier 1er septembre 2012 11:39

njama

 

Je reviendrai peut-être plus tard sur votre dernier commentaire mais voici mon opinion sur "Jésus venu non pour changer la Loi mais pour l’accomplir". C’est un extrait de l’un des textes cités à la fin de ma Lettre ouverte (ces textes sont longs et je comprends qu’on ne trouve pas le temps de les lire)

Cordialement. PR

 

"Parmi les ambiguïtés énoncées par Jésus on rapporte souvent celle-ci : "N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Car je vous le dis, en vérité : avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur le i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé" (Mt 5 ; 17, 18). On en conclut que Jésus aurait approuvé, comme aujourd’hui Benoît XVI, la totalité des intentions et des actes du Dieu de l’AT, dont les plus épouvantables massacres. Sans trop entrer dans les détails il me semble intéressant de relever, dans une autre Bible, une traduction différente du même passage que celui qui est pris, ci-dessus, dans la Bible de Jérusalem de 2001. La Bible Osty rapporte (en 1973) que Jésus dit n’être pas « venu renverser mais compléter », ou n’est pas venu « abroger mais parfaire » et elle avertit dans une note qu’il vaut mieux éviter l’expression « abolir mais accomplir » parce que « ce dernier mot » est « amphibologique ». Une autre note précise que Jésus « interprète, approfondit, amplifie, modifie et même contredit  »ce qui a été dit aux anciens".

 

Cette ambiguïté, ce possible double sens et cette possible « contradiction », par Jésus, de l’enseignement « du Dieu de l’AT » devraient encourager les pacifistes catholiques à résister aux théologiens papistes, refuser d’entrer dans leur jeu, et dénoncer sans retenue leur énorme tricherie qu’ils qualifient de "bonne interprétation", cette tricherie que réanime Benoît XVI pour faire reculer sa religion et les religions en général vers les anciennes sources dogmatisées de leur violence. Alors qu’il est plus que jamais nécessaire de s’en débarrasser !

 

On peut faire ici un parallèle entre les deux attitudes, religieuse et profane, qui nous éloignent de l’accomplissement de cette nécessité : le pouvoir temporel catholique efface les avancées précédentes vers la théologie non-violente en même temps que le pouvoir politique détruit les acquis républicains qui protégeaient la société profane de la violence religieuse.

 

La trahison presque deux fois millénaire, par les chrétiens, du prophète juif dont ils se prétendent - et probablement se croient réellement - les disciples, me paraît facilement explicable. En se constituant, leur église décida que Jésus n’était pas seulement un religieux exemplaire, un modèle à suivre, un réformateur dont la réforme devait être poursuivie et perfectionnée. Elle décida qu’il était lui-même Dieu, une composante du Dieu trinitaire qu’elle inventait pour l’occasion.

 

Etant Dieu, Jésus était donc parfait. Il ne pouvait pas avoir eu des limites, s’être trompé, être resté ambigu, fut-ce sur des points secondaires parfaitement explicables dans le contexte. Il ne pouvait pas avoir accepté plus ou moins consciemment, confirmé et retransmis, certaines croyances délétères des prophètes antérieurs. Il ne pouvait pas avoir laissé son enseignement inachevé, sa réforme perfectible.

 

Et l’église, imprégnée de cette conception, se mit à refuser tout appel à la raison pour continuer son œuvre. Elle s’opposa délibérément à la libre philosophie en prétendant en avoir reçu une autre de Dieu, de beaucoup supérieure et - plus grave que tout - elle prétendit échapper à la responsabilité et à la justice humaines. Elle mit un frein brutal au « jésuïsme », elle lui tourna le dos en mettant en place - à sa place - le christianisme.

 

Et elle se mit à fabriquer des croyants schizophrènes, dont beaucoup se mirent à maltraiter, tuer, massacrer massivement au nom du Dieu d’amour."


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