njama
Je reviendrai peut-être
plus tard sur votre dernier commentaire mais voici mon opinion sur "Jésus
venu non pour changer la Loi mais pour l’accomplir". C’est un extrait de
l’un des textes cités à la fin de ma Lettre ouverte (ces textes sont longs et
je comprends qu’on ne trouve pas le temps de les lire)
Cordialement. PR
"Parmi
les ambiguïtés énoncées par Jésus on rapporte souvent celle-ci : "N’allez
pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas
venu abolir, mais accomplir. Car je vous le dis, en vérité : avant que ne
passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur le i, ne passera de la
Loi, que tout ne soit réalisé" (Mt 5 ; 17, 18). On en conclut que Jésus
aurait approuvé, comme aujourd’hui Benoît XVI, la totalité des intentions et
des actes du Dieu de l’AT, dont les plus épouvantables massacres. Sans trop
entrer dans les détails il me semble intéressant de relever, dans une autre
Bible, une traduction différente du même passage que celui qui est pris,
ci-dessus, dans la Bible de Jérusalem de 2001. La Bible Osty rapporte (en 1973)
que Jésus dit n’être pas « venu renverser mais compléter », ou n’est
pas venu « abroger mais parfaire » et elle avertit dans une note qu’il
vaut mieux éviter l’expression « abolir mais accomplir » parce que
« ce dernier mot » est « amphibologique ». Une autre note
précise que Jésus « interprète, approfondit, amplifie, modifie et même contredit
»ce qui a été dit aux anciens".
Cette
ambiguïté, ce possible double sens et cette possible « contradiction »,
par Jésus, de l’enseignement « du Dieu de l’AT » devraient encourager les pacifistes catholiques à
résister aux théologiens papistes, refuser d’entrer dans leur jeu, et dénoncer
sans retenue leur énorme tricherie qu’ils qualifient de "bonne
interprétation", cette tricherie que réanime Benoît XVI pour faire reculer
sa religion et les religions en général vers les anciennes sources dogmatisées
de leur violence. Alors qu’il est plus que jamais nécessaire de s’en
débarrasser !
On
peut faire ici un parallèle entre les deux attitudes, religieuse et profane,
qui nous éloignent de l’accomplissement de cette nécessité : le pouvoir
temporel catholique efface les avancées précédentes vers la théologie
non-violente en même temps que le pouvoir politique détruit les acquis
républicains qui protégeaient la
société profane de la violence religieuse.
La
trahison presque deux fois millénaire, par les chrétiens, du prophète juif dont
ils se prétendent - et probablement se croient réellement - les disciples, me
paraît facilement explicable. En se constituant, leur église décida que Jésus
n’était pas seulement un religieux exemplaire, un modèle à suivre, un
réformateur dont la réforme devait être poursuivie et perfectionnée. Elle
décida qu’il était lui-même Dieu, une composante du Dieu trinitaire qu’elle
inventait pour l’occasion.
Etant
Dieu, Jésus était donc parfait. Il ne pouvait pas avoir eu des limites, s’être
trompé, être resté ambigu, fut-ce sur des points secondaires parfaitement
explicables dans le contexte. Il ne pouvait pas avoir accepté plus ou moins
consciemment, confirmé et retransmis, certaines croyances délétères des
prophètes antérieurs. Il ne pouvait pas avoir laissé son enseignement inachevé,
sa réforme perfectible.
Et
l’église, imprégnée de cette conception, se mit à refuser tout appel à la
raison pour continuer son œuvre. Elle s’opposa délibérément à la libre philosophie en prétendant en
avoir reçu une autre de Dieu, de beaucoup supérieure et - plus grave que tout -
elle prétendit échapper à la responsabilité et à la justice humaines. Elle mit un frein brutal au « jésuïsme », elle
lui tourna le dos en mettant en place - à sa place - le christianisme.
Et elle se mit à
fabriquer des croyants schizophrènes, dont beaucoup se mirent à maltraiter,
tuer, massacrer massivement au nom du Dieu d’amour."